ÉTAT II Poem by Habib Tengour

ÉTAT II

Toujours plus lente, et tes gestes pris peu à peu dans la glu d'une étrange torpeur, immobile enfin, tellement perdue que ma voix ne peut plus t'atteindre.

Gustave Roud
NEUVIÈME heure s'empare de mon âme l'étrangère
s'acheminant dans l'hiver et la faim blême
au pas d'une porte là tu te plies dans la nuit
pour consulter ta vie celle transcrite
celle où tu grelottais d'aimer si fort
devant la porte close mesurais les heures
tu ne savais comment découvrir ton âme
ni accueillir la peine dans le cœur délaisse
passe la douzième heure consulte sa mémoire
pour en saisir encore l'agonie
revoir la mise en scène d'un désir décédé
le matin les surprenait écumant et rose
par la fenêtre bleue le corps gonfle de joie
et la belle endormie le jour l'étrangère

ETRANGERE corps scarifie âme bleue
elle s'offre tourbillon au comble de l'été
légère la vague éclate à la face du ciel
bénis les cœurs dilates dans la lumière
cœurs égares dans la blanche maison là
bas en bordure de la mer où dansent des rayons
il y avait une garde secrète familière
cette impatience /lustres l'été
commençant été il allait finir tel
enfer des rêves exprimes
inaccomplis ne reste que la tension sourde
des cœurs ballottes de gares routières en
paradis cœurs éblouis dans le merveilleux
instant d'abandon inconnu étrange bleue

BLEUE la transe emporte l'âme incandescente
loin de la ville où se pavanent nos rêves lourds
d'avoir rêvé à haute voix échangé
leurs secrets au grand jour c'est la jument Borâq
elle s'élève ailée ivre et tremble de s'approcher
elle me regarde dans l'âme et l'âme silencieuse
vainement le cœur ravive l'empreinte effacée
voilà qu'à nouveau ta vie s'étend dans le vide
dans l'œil qui cerne la tristesse de la bête
que tu interroges elle ne répond pas
à terre le ciel manteau qui couvre mal
le soir c'est un saignement elle reste muette
transportée dans le vide de son âme guérie
se confond avec sa veine incandescente

INCANDESCENTE mon âme / …incandescente/ aurore
dans la paume de l'aurore cœur aimant
un galet se fendille comme aimant
sur la grève l'aurore distingue une intaille
remous roses et caresses portent le cœur à l'âme
aurores successives auront poli la texture
d'où vient que la nacre s'y dépose étincelle
au premier rai sur la grève parmi les galets
celui-là seul dresse au soleil dans le blanc
de l'été - vis-à-vis des chansons - terrasses
une saison nos âmes sont blanches de feu
sur la terrasse aveugle se réjouissent chaux vive
vagues et brises murmurent dans le bleu de l'intaille
ton regard /écho à la mer cœur aurore

AURORE une puis l'autre les cordes lâchent Celles Noueuses
de maléfices… réintègrent l'œil bas le repaire
lorsque les deux amants se réveillent il fait grand jour
dans le secret de leur âme la table est servie
j'ai bien dormi /dit-il/ tu dors très bien /dit-elle/
c'est bon quand l'amour est violent comme tu le fais
je n'ai rien fait dit-il c'est un coup du destin
ce n'est pas mon corps et nous allons en mourir
pour l'instant les deux lits étaient joints la fenêtre
donnait dans le rêve à venir rose bleu et musc
l'été dans son apogée les enchantait
ce décor tombe les âmes sans cœur
se tourmentent à l'écoute la romance dénouée
et Celles dans l'aurore au guet déjà mains noueuses

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Algeria / Mostaganem
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