La Poésie À Montmartre Poem by Clovis Hugues

La Poésie À Montmartre

A mon ami Paul Bottier


Montmartre est le bruyant sommet
Où la Muse surgit, pareille
A la nymphe qui chate et met
Son chapeau floré sur l'oreille.

Si nous vivions encore aux temps
Où la Dryade et l'asphodèle
Se miraient aux mêmes étangs,
Les dieux seraient amoureux d'elle,

Mais, si près qu'elle soit des dieux,
Dans les splendeurs de son Olympe,
Ce n'est point pour les vastes Dieux
Qu'elle a jeté corset et guimpes.

Loin du trépeid et des autels
Cette grandeur soeur de Lisette
Préfère à tous ces Immortels
Un gueux qui lui fasse risette.

Point de bijous dans son coffret!
Si quelque barde peu sévère
L'approche au seuil du cabaret,
Elle accourt et boit dans son verre.

Sitôt qu'elle a dit sa chanson,
Les doigts envolés sur la lyre,
La gaieté de Mimi Pinson
Refleurit les lèvres d'Elvire

Si vous lui rappelez qu'elle a
Plus de moulins que de galette,
Elle vous répondrait: Lonia!
Et ferait une pirouette.

Ce qu'elle a suffit à ses goûts,
Dans le bonheur ou dans la peine,
Pourvu que le vieux nid soit doux
A la grande nichée humaine.

Tout pauvre diable est son ami,
Quand un coup du destin l'affale:
Elle ne se ferait fourmi
Que pour secourir la cigale.

Dès qu'elle arrive, c'est Noël;
Et si peu qu'en les nuits sans voiles
Ses bras nus flottent dans le ciel,
On voit sourire les étoiles.



Paris, le 6 février 1900

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